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12 juillet 2009 7 12 /07 /juillet /2009 12:28



Des milliers mourront, Des centaines de milliers, Des centaines de milliers d'hommes et de femmes mourront, la terre s'emplira de cris de douleur, de hurlements et de râles d'agonie, la fumée des bûchers voilera le soleil, la graisse des suppliciés grésillera sur les braises, l'odeur donnera le frisson et tout cela sera de ma faute, Pas de ta faute, pour ta cause, Père, éloigne de moi ce calice, Que tu le boives est la condition de ma puissance et de ta gloire, Je ne veux pas de cette gloire, Mais moi je veux cette puissance. Le brouillard s'éloigna jusque là où il était auparavant, on voyait un peu d'eau autour de la barque, une eau lisse et mate, sans une ride de vent ni un battement de nageoire voyageuse. Alors le Diable dit, II faut être Dieu pour aimer autant le sang.


José SARAMAGO (in L'Evangile selon Jesus-Christ - 1991)




 Elle avait un air insensé, grave et navrant. Sa blouse déchirée montrait sa gorge nue. Elle appuyait en parlant sa main percée sur sa poitrine où il y avait un autre trou, et d'où il sortait par instant un flot de sang comme le jet de vin d'une bonde ouverte.
Marius considérait cette créature infortunée avec une profonde compassion.
- Oh! reprit-elle tout à coup, cela revient. J'étouffe!

Victor HUGO (In Les misérables - 1862 ,
chapitre "Les grandeurs du désespoir", la mort d'Eponine).


 

Et, d’un air fanfaron, il tendit son gros bras. Sous la piqûre de la lancette, le sang jaillit et alla s’éclabousser contre la glace.
- Approche le vase! exclama Charles.
- Guête! disait le paysan, on jurerait une petite fontaine qui coule! Comme j’ai le sang rouge! ce doit être bon signe, n’est-ce pas?

Gustave Flaubert (in Madame Bovary - 1857)


 















Quant au colonel, lui, je ne lui voulais pas de mal. Lui pourtant aussi il était mort. Je ne le vis plus, tout d’abord. C’est qu’il avait été déporté sur le talus, allongé sur le flanc par l’explosion et projeté jusque dans les bras du cavalier à pied, le messager, fini lui aussi. Ils s’embrassaient tous les deux pour le moment et pour toujours, mais le cavalier n’avait plus sa tête, rien qu’une ouverture au-dessus du cou, avec du sang dedans qui mijotait en glouglous comme de la confiture dans la marmite. Le colonel avait son ventre ouvert, il en faisait une sale grimace. Ça avait dû lui faire du mal ce coup-là au moment où c’était arrivé. Tant pis pour lui ! S’il était parti dès les premières balles, ça ne lui serait pas arrivé.

Louis Ferdinand Celine (in Voyage au bout de la nuit - 1932)

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commentaires

M
à propos du voyage au bout de la nuit de L F Céline :<br /> " Ma nuit à moi, ce cercueil."
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M
<br /> Puisqu'il s'agit de sang, s'agirait-il de la nuit rouge du cercueil?<br /> <br /> <br />
M
à propos de la mort d'Eponine de Victor Hugo :<br /> "O Seigneur ! ouvrez-moi les portes de la nuit,<br /> Afin que je m'en aille et que je disparaisse."
Répondre

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